Comment faire une recherche d’inspirations visuelles pour un projet graphique?

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Une recherche bien menée donnera une création de meilleure qualité!

En tant que designer graphique indépendante, je passe souvent d’un univers client à un autre du jour au lendemain. Il m’est arrivé de travailler simultanément pour créer des illustrations d’apprentissage pour une école d’anglais destinée à de jeunes enfants chinois, développer des visuels et tous types de supports de communication pour une grande entreprise internationale de sex toys suédois haut de gamme, illustrer des articles pour un magazine pour expatriés en Chine, concevoir les visuels d’une entreprise pointue de SAP Suisse, créé un logo et identité visuelle d’un gîte Alsacien ou d’un restaurant d’altitude à la Cluzas, ou d’une librairie-café internationale à Clermont-Ferrand... Et j’aime profondément cette diversité de projet.

De plus, l’interdisciplinarité, la préparation et l’amélioration de la culture générale font partie des tâches d’un designer.

 

La recherche graphique s’avère indispensable pour réussir à cerner les difficultés de chaque projet et y répondre au mieux.

Un designer ne peut pas passer à côté de cette étape s’il veut bien explorer son sujet et présenter des solutions originales et adaptées aux besoins de son client, armé de ses connaissances et supporté par des sources pour étayer ses choix.

 

Au sommaire :

  • Introduction sur la recherche graphique

  • Ma méthode de recherche graphique

  1. Identifier les informations ou mots clés à chercher

  2. Collecter et trier les données

  3. Analyser les données

  4. Communiquer et diffuser les données

  • Mes astuces

 
 
 

Un projet bien documenté et présenté est un projet qui est plus susceptible d’être apprécié.

 
 

Il vaut mieux, dès le départ, poser le plus de questions possibles: s’informer, observer, être curieux, rester ouvert d’esprit, écouter attentivement le client et creuser le sujet dans le temps imparti, grâce aux moyens mis à disposition.

 

Pour ceux et celles qui souhaitent creuser un peu plus ce si vaste sujet, Sir Christopher Frayling, professeur émérite au Royal College of Art de Londres, propose dans sa publication “Research in Art and Design, Volume 1”, 3 catégories de recherche en design.

  • Recherche pour le design (Recherche hors milieu universitaire, dans le développement et la conception de produits destinés au commerce).

  • Recherche en design (Recherche académique sur le design, ayant pour objet le design, l’histoire et le processus, qui peut-être effectuée par des designers, historiens, anthropologues, professeurs, philosophes, etc.).

  • Recherche à travers le design ( Recherche qui considère le design comme une méthode de recherche. Utilisé dans le design d'interaction, l'expérience utilisateur et l'interaction homme-machine. L’approche est similaire à la méthode scientifique).

 

Chaque designer est différent et n’utilise pas les mêmes méthodes, ni outils. Je ne parlerai ici que de la recherche pour le design: des outils et des réflexions que j’utilise personnellement pour mener à bien un projet d’identité visuelle ou de supports de communication graphique pour mes clients.


 

Ma méthode de recherche graphique

Après avoir échangé avec mon client sur son projet et avoir reçu un cahier des charges complété (les informations sur l’entreprise, l’historique, l’activité, le chiffres, les concurrents, le positionnement, les valeurs, la personnalité, la cible, la stratégie de communication, les objectifs, les besoins, les contraintes, les délais, le budget, etc.) le projet est officiellement lancé.

Il est alors temps de commencer la phase d’exploration.

 
 

Étape 1.

Identifier les informations ou mots clés à chercher

Afin de m’imprégner au mieux du projet, je relis attentivement le cahier des charges et sélectionne les mots clés importants.

Je passe ensuite de plusieurs heures à plusieurs jours majoritairement sur Internet. J’utilise différents moteurs de recherche et me nourris de contenus et d’images en lien avec le projet. Je crée un tableau dans Pinterest, puis, j’enregistre tout ce qui me semble inspirant, efficace ou, au contraire, des exemples à ne pas reproduire.

 

Top 4 des sites où je trouve mes inspirations (parmi les milliers qui existent).

 

PINTEREST

En quelques années, Pinterest s’est fait une place dans le monde des réseaux sociaux, bien qu’il soit maintenant en perte de vitesse. C’est mon outil de prédilection que je trouve très efficace pour réaliser une recherche sur les tendances visuelles ou trouver des images fortes et les organiser dans des “tableaux”. Aussi, il est facile de partager les recherches ainsi que d’échanger avec les clients dessus.

Suivez-moi sur Pinterest →

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BEHANCE

Behance c’est LE réseau social gratuit pour promouvoir les portfolios des créatifs à l’international! Il regorge de projets originaux qui réunissent les disciplines telles que l’architecture, la conception de sites web, le design d’interaction, le design industriel, la direction artistique, le graphisme, l’illustration, l’interface UI/UX, les marques, la mode, le motion design, la photographie et encore bien plus. On peut effectuer des recherches par mots clés, par popularité, par couleurs ou par projets similaires par exemple.

Suivez-moi sur Behance →

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MOTEURS DE RECHERCHE

Diversifiez vos recherches en surfant sur le web avec différents moteurs de recherche.

  • Ecosia (le moteur de recherche engagé pour la planète qui s’engage à planter des arbres pour chaque recherche).

  • Qwant (le moteur de recherche français respectueux de la vie privée).

  • DuckDuckGo (le moteur de recherche qui préserve la vie privée des utilisateurs).

  • Google images (le moteur de recherche le plus populaire en occident).


DRIBBBLE

Dribbble est bien connu des créatifs à l’international. Personnellement je trouve la plateforme un peu moins intéressante que Behance car il n’est pas possible de voir le processus de création derrière. On ne voit qu’une infime partie du projet terminé, mais on peut y trouver quelques perles.

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Les principales catégories de mes recherches d’inspirations

  • Le domaine de l’entreprise

  • La réputation de l’entreprise et du domaine en ligne (avis positifs et négatifs)

  • La concurrence (locale, régionale, nationale et internationale)

  • La clientèle cible et actuelle (ce que pense les clients de l’entreprise, leurs motivations, leurs freins)

  • Le contexte économique

  • Le contexte politique

  • Le contexte historique (la période à couvrir)

  • La symbolique générale

  • Les nouvelles tendances (design et plus)

  • Les compositions des images (hiérarchie, mise en page, cadrage, cohérence, contenu, thème, objets, etc.)

  • Les éléments graphiques (conception d’images, espaces, typographie, polices d’écriture, couleurs, formes, textures, etc.)

  • L’esthétique des images (symétrie, harmonie, contrastes, proportions, mouvement, etc.)

  • Le style graphique (flat design, isométrique, 3D, cartoon, vintage, rétro, moderne, etc.)

  • Les nouvelles technologies

  • Les nouvelles techniques


 

Étape 2.

Collecter et trier les données

Parfois, il m’arrive de changer de direction ou d’avis sur les visuels choisis ou de trouver de meilleures images. Je me laisse alors toujours un temps de réflexion, pour y revenir quelques jours plus tard et vérifier si je souhaite toujours creuser l’idée ou bien affiner ma recherche.


Étape 3.

Analyser les données

Je trie ensuite les images en fonction des projets dans plusieurs dossiers (ex: inspi_moodboard, inspi_logo, inspi_charte, inspi_couleurs…) pour ne sélectionner que les plus cohérentes. Je fais ressortir les thèmes qui se ressemblent et s’alignent sur des pistes prometteuses. Je teste toutes ces images entres elles, les associe, les découpe dans mes logiciels, les manipule dans tous les sens afin de créer 3 ou 4 tableaux de différentes ambiances, appelés moodboards.


Étape 4.

Communiquer et diffuser les données

Une fois mon document complété, je remets ma synthèse et présente ma recherche et mes moodboards à mon client. J’explique mes choix et nous discutons des pistes qu’il souhaite retenir.


Mes astuces

 

Il m’est difficile de prodiguer des conseils sur la manière dont la recherche doit être menée pour tous les designers graphiques ou graphistes, tant les techniques peuvent diverger. Certaines agences de qualité peuvent disposer d’un panel d’experts et de plus grands moyens pour pousser davantage la recherche en organisant par exemple des groupes de discussions de consommateurs, en collaborant avec des experts en data analyse pour mesurer l’efficacité d’un projet, d’un expert en marketing, d’un expert en référencement SEO, d’un sémiologue ou d’un historien pour analyser les symboles, d’un cabinet d’avocat pour effectuer les recherches de disponibilité et de copyright du nom de marque, etc.

 
 

Se mettre dans les bonnes dispositions

S’avoir s’accorder du temps est nécessaire pour travailler sereinement. Pour faire un travail de qualité, on oublie: “il me faut un visuel pour demain”. En effet, cela commence par dire “NON” aux projets urgents de type bancal. Tout projet collectif qui se respecte s’organise à l’avance.

Travailler de la maison est de loin la manière la plus efficace pour ma part. Ranger son espace de travail rend le travail plus agréable. Je m’assure aussi de réduire mes distractions et dérangements en coupant mon téléphone et en fermant mes notifications, #modefocusactivé. Je me fais un masala chaï (voir la recette ici) une tisane ou un jus pour ne pas oublier de rester hydratée. J’allume ma musique (souvent des soundtracks de films sans paroles en boucle… #gladiator, #piratedescaraibes #thelastsamurai #therock, bref très fan de Hans Zimmer ou bien une playlist animée ). Je m’assois confortablement dans mon canapé, à ma table de salon ou sur mon mini bar pour être debout (toujours accompagnée de ma chienne bulldog collée à moi telle une “sangsue-koala-pot-de-colle”).

Sortir du cadre

Nourrir son esprit c’est aussi s’autoriser à changer de regard et de point de vue. Alors, j’essaie de m’éloigner des sujets proposés, d’élargir ma culture générale, de varier les outils ou techniques pour éviter de rester bloquée ou de m’inspirer d’idées existantes. Je tente de diversifier mes recherches visuelles (peinture, histoire, héraldique, sculpture, architecture, illustration, sérigraphie, etc.).

Si votre démarche est de trouver un sens plus profond, je peux proposer de travailler en collaboration avec Léah Thomas-Bion, sémiologue. Elle se passionne à approfondir l’étymologie, la symbolique des plantes, des animaux, des couleurs, des formes et bien d’autres éléments visuels au travers de l’histoire. Cette démarche n’est certes pas conventionnelle chez mes collègues, mais j’ai remarqué qu’elle aide particulièrement au “storytelling” de l’entreprise et fait prendre conscience des symboles que la marque peut véhiculer et inspirer au niveau local et ou international.

 

Organiser une veille quotidienne

Rien n’est acquis, le monde est en constante évolution et les innovations fusent de toutes parts. Les tendances, les attentes ou besoins du public changent. Pour m’inspirer continuellement et “muscler” ma créativité j’aime consacrer un temps quotidien à faire une veille graphique. Avec le temps, cela aide à former l’œil aux images, aux nouvelles tendances, aux différents styles, stratégies ou techniques par exemple.

Pinterest est votre ami

Il m’arrive de traîner sur le net à mes heures perdues (et souvent en écoutant un film). En effectuant des recherches sur une disposition de salle de bain pour mes rénovations par exemple, je peux tomber, grâce à l’algorithme, sur une jolie maquette de cartes de visites que je peux enregistrer et garder en inspiration sur un projet futur. Parfois, cette banque d’images inspirantes m’aide à gagner du temps de recherche et aide mes clients à mieux articuler leur projet.

 

Sortir tout ce qui nous passe par la tête

Je trouve des synonymes des mots clés du projet. Je note les mots clés et les associe avec d’autres mots… Je laisse vagabonder mon imagination en lien avec le problème. C’est un premier petit brainstorming individuel où je ne me mets pas de contraintes et reste ouverte aux différentes pistes. Plus ou moins réalistes ou pas dans un premier temps.

Noter les idées dès qu’elles émergent

Je note mes idées sur papier ou dans un tableau sur l’application Notion.so (accessible via téléphone, tablette ou ordinateur). Si je tombe sur un article web intéressant, je l’inclus dans mon tableau et je peux y revenir quand j’ai du temps pour le lire.

 

Savoir s’arrêter…

Si équilibre il y a, il n’est pas si évident à le trouver. Comment savoir si j’ai récolté suffisamment d’informations?

Comme j’adore cette étape, je peux parfois avoir tendance à y passer beaucoup de temps que prévu, surtout lorsque c’est un nouveau domaine que je ne connais pas ou qu’il m’intéresse particulièrement. Remarquez qu’on demande à un graphiste freelance de plonger dans l’univers d’une entreprise en quelques jours à peine, de comprendre son essence, puis de proposer un design et une communication adaptée. En plus de risquer de rogner sur le temps de création, trop rechercher peut aussi démotiver. Comment ne pas se sentir tout petit devant toutes ces belles images et d’artistes ou designers internationaux inspirants? S’offrir alors une pause mentale aide beaucoup.

Faire autre chose

Certaines idées viennent parfois quand on ne les cherche pas… S’adonner à d’autres activités qui ne sollicitent pas directement sa créativité aide à “changer d’air”.

Pour ma part, les idées arrivent parfois quand je prends un bain, une douche, quand je respire l’air frais des montagnes ou d’une forêt humide, quand j’observe la nature et joue à faire des associations mentales (du type paréidolies), quand je voyage ou quand je me remémore mes souvenirs d’évasion, quand j’interagis avec des gens de cultures et de profils différents sur tous types de sujets, quand j’écoute des vidéos ou podcasts sur l’esprit critique, quand je lis et apprend sur divers sujets, quand je cuisine, quand je bricole et rénove ma maison ou quand je promène mon bulldog par exemple…

 

Se rappeler que “l’originalité” et la “perfection” n’existe pas…

S’enlever le “fardeau” de devoir à tout prix être “original” aide à contrer la “paralysie du créateur”. Peu de contenus aujourd’hui sont véritablement originaux car l’originalité est purement subjective. Même la loi française et internationale ont du mal à lui imposer un cadre. Vous puiserez forcément vos idées de choses qui existent en y ajoutant votre grain de sel, en améliorant ou en mixant des concepts, ou en associant diverses idées, sans toutefois les copier à l’identique.

Je pense que créer une œuvre dite “originale” ne doit pas être vu comme seul “moteur de la performance”, mais qu’il s’agit plutôt de trouver l'empreinte et la personnalité “authentique” d’un projet.

 

Conclusion

L’objectif de la recherche visuelle, de la veille graphique ou de la pige est d’engendrer davantage de questions, davantage de réponses et ainsi davantage d’idées. J’espère que mes pistes ont été éclairantes et vous aideront à comprendre mon processus de création dont le but est de donner plus de valeur à vos projets graphiques.

Et vous, comment faites-vous pour contrer la panne d’inspiration et effectuer vos recherches?

 
 
 

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Sarah Attig

Designer graphique & Illustratrice | Créons ensemble votre identité visuelle!

https://www.sarahattig.com
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